La sclérose en plaques,
c'est vous qui en parlez le mieux.
Le 4 oct. 2022

La sclérose en plaques, vue par Sophie.

« J’ai presque honte
de n’être jamais en forme. »

« Bonjour,

Je m’appelle Sophie, j’ai 39 ans et mon parcours est un peu différent des autres.

Depuis des années je me plains d’avoir un problème à la mâchoire car elle se bloque, de plus, j’ai des douleurs articulaires et aux os. On s’est souvent un peu moqué de moi en me disant : "Tu t’écoutes trop, tout le monde a des douleurs…".

J’ai également une fatigue toujours présente, j’ai presque honte de n’être jamais en forme.

Il y a 5 ans j’ai eu un problème à l’œil droit, vue floue et mal dans l’orbite. Après plusieurs visites chez le médecin, mon mari m’a emmenée aux urgences ophtalmiques de Bordeaux. Je m’y rends assez sereine, en me disant : "Panique pas, c’est très certainement rien de grave étant donné que personne n’a l’air inquiet autour de moi". Là, un interne me fait un fond d’œil, j’attends ensuite dans la pièce où il a procédé à l'examen et au bout d’un moment je vois 3 médecins face à moi qui me disent que je dois rester à l’hôpital pour passer un scanner. Le lendemain, je passe une IRM et 3 jours plus tard, on me fait une ponction lombaire. À ce moment-là tout s’écroule, je sais ne pas pourquoi on me fait tous ses examens qui pour moi, servent à détecter des choses graves et personne me dit quoi que se soit, je suis dans le flou, un stress total !

Après 1 semaine d'hospitalisation, on me laisse sortir, je me retrouve face au radiologue qui me dit que je n'ai pas de taches au cerveau, mais de quoi me parle-t-il ?

C’est une amie infirmière qui me dira par la suite qu’il devait chercher la sclérose en plaques. Enfin bref, on me laisse sortir sans traitement, sans explication et 5 ans passent quasi normalement.

En juillet 2014, j’habite à Nantes, je pars en vacances à la montagne. Je suis d’une extrême fatigue depuis 1 an, je remets cela sur le compte du travail. Je consulte mon médecin car cette fatigue est persistante et puis j’ai très mal au dos, aux articulations… Pour lui c’est le stress, bon ok, on continue sa vie.
Ces vacances en Savoie ont été difficiles, pas de courage, pas de force mais je ne m’alarme pas car le médecin ne semble pas inquiet.

Et c’est à mon retour de vacances que tout a basculé. Je rentre le 18 août et le 19 je vais à Rennes pour voir ma petite sœur Marie. Je rentre dans son appartement, elle est en face de moi dans sa salle de bain, elle s'est pendue. Je me jette sur elle, la prend dans mes bras pendant que ma petite maman l’a décroche et je la lâche car pas de forces, mon cœur explose car je viens de comprendre qu’elle est morte.

Suite à son décès, 4 mois après, je décide quand même de faire la fécondation in vitro qui était programmée depuis des mois. Après la 2ème injection d’hormones, je sens comme un étau au niveau de mon thorax, puis les jours passent, je suis à ma 10ème injection et je m’aperçois que j’ai une insensibilité au niveau de ma cuisse du coté droit. La veille de la ponction, l’hôpital m'appelle : "madame nous ne pourrons pas faire la ponction, on ne comprends pas : vous êtes en train d'ovuler". C’est un échec total. Je retourne voir le médecin, j’ai cet étau insupportable, des picotements, des douleurs musculaires et tellement mal au dos. On me diagnostique un zona dû au choc du décès de ma petite sœur. On me prescrit 15 séances de kiné et rien ne passe, j'en ai marre.

4 mois se sont écoulés, je décide de consulter un autre médecin, qui lui, par précaution, me prescrit une IRM.

1 mois après je pars faire mon IRM tranquillement toute seule, en me disant, c’est vrai mon corps me fait mal car il pleure la perte de ma sœur.

J’attends dans la salle d'attente, je vois que tout le monde s'en va tour à tour et puis soudain le radiologue sort et me convoque dans son bureau et me dit que mon IRM est mauvaise. Ah bon, j’ai quoi une tumeur, un anévrisme ? "Non madame, il y a des taches blanches". Je lui demande de suite si j’ai la sclérose en plaques comme si c’était une évidence et qu’au fond de moi je l’ai toujours su. Il me répond qu'il n’est pas neurologue et puis d'un air sincèrement embêté me dit : "vu les photos de l’IRM, je peux quand même vous confirmer que c'est bien la sclérose en plaques".

Dès le lendemain, je rentre à l’hôpital pour une IRM de la moelle et une ponction lombaire, et s’en suivra des bolus de cortisone pendant 5 jours.

Voilà ça fait 5 mois que ma vie a pris un tournant, je suis à l’aube de mes 40 ans, j’ai perdu ma petite sœur chérie qui n'avait que 26 ans et j’ai la sclérose en plaques.

Que dire de plus ?

Merci de m’avoir lu. »

Par Sophie.

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Rediffusion du 26/05/2014.

12 commentaires
20/08/2022 à 10:00 par Manon
Bonjour Sophie,

Ton témoignage est absolument bouleversant… que dire ….
Concernant ta sclérose, je peux imaginer que c’est un choc mais tu ne dois pas te résigner. Avec le traitement de fond ta vie devrait s’améliorer (est-il prévu que tu en prennes un ou est-ce déjà le cas?). Depuis janvier j’ai mon traitement et je vis une vie normale. Je continue comme avant, comme si la SEP n’existait pas. Il y a bien sûr parfois des petites douleurs ou des sensations neuro qui viennent mais c’est très ponctuel et peu douloureux, plus gênant. Je pense que ce diagnostic ne peux que t’aider à aller mieux dans le sens où toutes tes souffrances physiques depuis des années ont un enfin une cause et un nom. Enfin on te croit et on voit que ta souffrance n’est pas juste “dans ta tête”.
Je te souhaite énormément de courage et ai une grosse pensée pour toi.
Manon

24/06/2021 à 22:39 par Aya
Bon jour

j ai aussi une SEP depuis maintenant 15ans donc je sais ce que tu ressent cette grosse fatigue qui ne vous quitte pas et aussi honte d etre toujours fatiguee je ne sais plus quoi faire pour luter contre cette fatique pouvez vous maiguiller sur le parcours a faire pour me sentir moin fatiguee courage a toi et a tous les gens atteint de la SEP

20/06/2020 à 20:44 par Billal
La meme chose que moi waw

20/06/2020 à 18:38 par CIECIVA Marysa
Chére SOPHIE,en lisant votre témoignage,on ne s'ait que dire,sauf qu'il faut continuer à vous battre,je pense que votre soeur est à vos côtéset quelle vous soutiens,le plus important c'est de mettre aux moins un diagnostic,sur votre maladie,il y a de très bon traitement maintenant,mais n'hésiter jamais àchanger de médecin,si vous vous sentez imcomprise,quand à la honte de la fatigue,dite vous bien,certaine perssonnes,sont en pleine forme et sont tout le temps fatigué par la flaime,enfin les chochotes,je me comprend,et croyait moi,j'en connais,pensé avant tout à vous,le reste suivras,je vous fait de gros bisous

20/06/2020 à 18:27 par Monica
Merci pour ton temogniage, cette maladie n'est pas visible...très dur à comprendre de l'extérieur. Belle soirée et courage à toi.

05/06/2014 à 08:15 par karine29
une méga pensée pour toi et une pour ta petite sœur,que tu sois accompagnée dans cette épreuve car malgré la force de caractère. lorsqu'on est entourée d'amour et de soutien on est doublement plus forte !!
bgi poutouxx,

27/05/2014 à 19:05 par andre
Sophie,
ton message est bouleversant et poignant. Comme le dit tellement justement David "tout commentaire de ma part semblerait ridicule".
En qualité de "sépien" depuis plus de 15 ans je m'autorise à t'envoyer mes meilleures pensées et encouragements à positiver.
Pour moi je vois les cotés positifs: je marche (je ne courre plus) sans cane encore, j'exerce mon travail toujours avec passion (je suis prof d'Uté) et surtout surtout, je vis une formidable aventure d'amour avec ma femme et nos deux enfants.
Garde confiance en l'avenir, les études n'ont pas pu mettre en évidence une diminution significative de l’espérance de vie chez les personnes atteintes de sep par rapport à la population générale.
Amitiés

26/05/2014 à 20:26 par Fabien
la lecture de ton témoignage me bouleverse... ta soeur, le fait de ne pas avoir pris plus tôt en compte ta sep, l'incompétence de ton médecin semble irréels.... et pourtant, ton témoignage est là...
une pensée sincère pour toi, et bravo d'avoir témoigné, moi qui essaie depuis des années, je n'y arrive pas...

26/05/2014 à 16:10 par doudou
Je reste stoïque devant mon clavier; tout commentaire de ma part semblerait ridicule, donc je t'envoie une grosse pensée du fond de mon canapé dans lequel je suis maintenant cloué depuis trop longtemps. Avant que cette espèce de maladie ne me choisisse, moi aussi j'avais une vraie vie: un travail, une voiture, une moto, des amis, une maison, un jardin. Maintenant, je n'ai plus rien, je ne marche plus, j'ai tout perdu, je reste juste pour ma femme et mes enfants encore en bas-âge. Je sais que mon message ne te sera pas d'un grand réconfort, mais tant pis, j'avais envie de te dire quelque chose quand même. Certains sépiens se portent relativement bien, d'autres traversent réellement le désert sans en voir le bout. Alors je ne te dirai pas des trucs comme: "courage" ou," ça va aller! ".Je t'envoie juste une grosse pensée.
David.

26/05/2014 à 15:05 par Champeil
Je vs ai lu....et j'ai cru que c'était de moi qu'on parlé....Exactement un peu le même parcours depuis 2005....d'examens en examens....de docteurs en docteurs en hospitalisation...les mêmes symtômes et bien plus encore....Bref J'EN AI PLUS QUE MARRE....comme si on se faisait des idées par plaisir......
Patoue

26/05/2014 à 11:28 par Murielle
Quel courage d avoir témoigné, je n y arrive pas, enfin pour l instant, je t embrasse

26/05/2014 à 11:04 par vlahisse
Te lire on est là pour ça. Je ne sais pas quoi te dire à part que ici tu seras toujours la bienvenue et que mes pensées t'accompagnent!

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