La sclérose en What ?
La sclérose en plaques, c’est plus de 110 000 cas en France
et autant de malentendus sur cette maladie.

Sclérose en plaques et grossesse.

Par Gaelle Balloy et David Laplaud
CHU de Nantes

 

La sclérose en plaques (SEP) touche un peu moins d'une personne sur mille en France avec une population à prédominance féminine. Il s'agit typiquement d'une jeune femme âgée d'une trentaine d'années, donc en âge de procréer. De ce fait la question de la grossesse et ses conséquences se pose fréquemment.

La fertilité.

La fertilité chez les femmes atteintes de SEP a longtemps été sujet à débats, il n'a cependant pas été démontré d'atteinte (morphologique et fonctionnelle) de l'appareil de reproduction en rapport avec la pathologie. Le taux de fécondation constaté moindre chez les patients présentant une SEP, comparativement à celui de la population générale, semble plutôt d'origine multifactorielle. Il peut être en lien avec la nécessité sous certains traitements de fond de programmer la grossesse ou peut être lié au handicap physique ou cognitif. Il n'y a pas non plus de lien entre SEP et prématurité ou avortements spontanés.

Influence de la grossesse sur l'activité de la SEP.

La grossesse a longtemps été considérée comme à risque d'aggraver l'activité de la SEP. Une étude, menée sur 12 pays, ayant inclus 254 patients, étudiant le déroulement de la grossesse, l'accouchement et suivant l'enfant jusqu'à deux ans après l'accouchement, a cependant permis de démontrer que la grossesse en elle-même n'était pas néfaste pour l'activité de la SEP.

Il a au contraire été constaté une nette diminution du taux de poussées, plus particulièrement lors du 3ème trimestre de grossesse. On dit que la grossesse est un état protecteur. C'est finalement suite à l'accouchement qu'il existe un risque de rebond de la maladie, plus particulièrement chez les femmes qui présentaient une activité importante de la maladie avant la grossesse. Différents mécanismes physiopathologiques ont été avancés pour expliquer cette influence hormonale et notamment un effet direct des hormones sexuelles sur l'inflammation.

Accouchement et allaitement.

L'accouchement peut se dérouler par voie basse, si l'examen obstétrical le permet, sous anesthésie réalisée par péridurale, qui ne présente pas de risque de poussée ou d'aggravation du handicap.

Transmission et enfant.

L’état de santé de l’enfant est tout à fait comparable aux enfants nés de mères en bonne santé. Leur périmètre crânien, leur poids de naissance, le taux de mortalité infantile, les malformations congénitales ne diffèrent pas des pourcentages obtenus dans une population générale normale.

La SEP n'est pas une maladie héréditaire, il n'y a pas de risque de transmission directe de la pathologie.

Les traitements pendant la grossesse.

En cas de poussées, un traitement par corticostéroïdes peut être administré sans réserve lors de la grossesse.

Concernant les traitements de fond, la plupart sont à arrêter au cours de la grossesse.

Seul la Copaxone® et les Interferons peuvent être poursuivis au cours de la grossesse. Dans certains rares cas le Tysabri® peut être poursuivi.

En conclusion.

La grossesse ne semble donc pas aggraver la SEP. Il faut être vigilant immédiatement après l’accouchement pour éviter les poussées de post-partum précoces ou au moins pour les traiter rapidement. L’évolution au long terme des malades qui ont eu une ou plusieurs grossesses ne paraît pas plus mauvaise que les patientes sans enfant. Le déroulement de la grossesse, l’accouchement et l‘état de santé du nouveau-né sont tout à fait comparables à une population de femmes sans maladie neurologique.


Gaelle Balloy et David Laplaud.

Article publié en mai 2018.