La sclérose en What ?
La sclérose en plaques, c’est plus de 110 000 cas en France
et autant de malentendus sur cette maladie.

Sclérose en plaques, pourquoi en parler à un psychologue ?

Stéphanie FRANÇOIS
Psychologue clinicienne - Service de Neurologie HGRL CHU Nantes

« Je ne suis pas fou ! »
« Je parle déjà beaucoup avec une amie/ ma mère/ ma sœur/ des copains » 
« Je peux me débrouiller toute seule. », « Je n’ai besoin de personne. »
Sont autant de réflexions entendues en réponse à la suggestion d’aller voir un psychologue et qui sont justes ! En effet, rencontrer un psychologue ne signifie ni avoir un trouble de la santé mentale ni une incapacité à faire face.

Il est, en outre, précieux d’avoir un entourage avec lequel il soit possible de partager son vécu. Cependant, le lien affectif qui unit ces personnes peut empêcher l’expression du ressenti « réel », bien souvent par souci de « protéger l’autre », ou par la peur d’être jugé. Ce même lien peut également entraver l’écoute, amenant parfois les proches à vouloir rassurer, voire minimiser, le ressenti exprimé.

Choisir d’en parler à un psychologue, c’est s’ouvrir un espace où il est possible de venir y déposer ses émotions, son ressenti, ses interrogations sans se soucier de la réaction de l’interlocuteur. La neutralité bienveillante du psychologue favorise la libération des maux par les mots. Ainsi formulés, ils peuvent ensuite être élaborés.

L’annonce du diagnostic, une poussée, la mise en place ou le changement de traitement viennent bousculer un ordre établi. Ces situations bouleversent les repères. Elles donnent, bien souvent, le sentiment de perdre le contrôle, de remettre en question des projets et suscitent des interrogations, voire des angoisses. Ce ne sont pas toujours des événements en apparence liés à la maladie. Leur point commun est d’immiscer un mal-être qui peut se traduire par de l’irritabilité, des sentiments d’insécurité, d’injustice ou de colère, une perte d’envie, une fatigue, de l’anxiété, ou autre élément d’inconfort.

Pouvoir en parler « librement » permet d’extérioriser, c’est-à-dire de mettre en-dehors de soi et donc déjà prendre de la distance. Le formuler à un tiers permet, bien souvent, un début d’identification de ce qui se passe intérieurement. L’éclairage du psychologue favorisera la capacité à faire du lien avec des événements déjà vécus. Ces prises de conscience faciliteront la mise en œuvre de stratégies d’adaptation déjà utilisées ou à envisager.

La sclérose en plaques est une maladie chronique imprévisible. Elle pourrait être assimilée à un voyage en terre inconnue. Or, l’inconnu est souvent inconfortable par le manque de maîtrise qu’il implique et les questions qui surgissent : « Qu’est-ce que c’est ? », « Pourquoi moi ? », « Qu’est-ce que ça implique ? », « Comment ça va se passer ? ».

Le psychologue n’est pas là pour donner des réponses. Il ne les connaît pas ! Il agit davantage comme un accompagnateur dans la tourmente émotionnelle. Quelqu’un qui peut entendre et recueillir la souffrance psychologique induite par cette incertitude. La maladie déstabilise l’image de soi, tant sur le plan personnel, professionnel que familial.

Le psychologue permet à la personne d’exposer ces différents questionnements et l’incite à explorer les ressources extérieures et intérieures, parfois insoupçonnées, afin qu’elle trouve ses propres réponses. Cette meilleure connaissance de soi permet à chacun d’apprivoiser et d’ajuster la place accordée à la maladie dans sa vie et d’apprendre à vivre avec.

Stéphanie François.
Psychologue clinicienne - Service de Neurologie - HGRL CHU Nantes.