Parfum
Je n’ai jamais été aussi menteur
Que depuis que j'ai appris ma maladie
Un charlatan, un escroc des mots
Un fanfaron à qui tout semble bon
Quand l’extérieur nie l’intérieur
De mon corps imposteur
« Comment ça va ? Comment tu files ? »
Tout va bien, tout est correct
Malgré mes douleurs et mes étourdissements
Je souris dans la souffrance, je souffre dans le silence
Quand la douleur quitte, la fatigue arrive
Une fatigue complète du corps et de l’âme
Y'a rien qui me tente, juste rester couché
Je veux m’écraser et même plus penser
C’est un épuisement psychologique
En un seul mouvement, je suis surmené
Mes tâches sont négligées
Mes priorités oubliées
Ma liste est diminuée
Je profite de mes bons moments
J'absorbe et je savoure chaque instant
J’oublie la maladie ou je fais semblant
Immergé dans le temps présent
Dont la vie me fait cadeau
Mon bonheur instantané
Comme un loto que j’ai gratté
Meilleure chance la prochaine fois
Du moins si prochaine fois il y a
Un sourire avec ça ?
Mon appétit est féroce
Les minutes je ronge à l’os
Je n’ai pas le temps j’dois oser
Aimer sans être effrayé
J'ai appris, dans la maladie
À vivre avec intensité
Les moments dont je suis choyé
La certitude de l’incertitude
Qui me suit jour et nuit
L’inquiétude
Moi qui crois, oublie,
Reste caché dans le gris
Du fond de mon esprit
De mon corps qui
N’y peut rien, décrépit
Qui sait pour demain
Je vais le savoir le matin
Quand je vais me réveiller
« Comment ça va ? Comment ça file ? »
Avec le sourire
Numéro un, tout va bien.
En ayant tout perdu
J’ai tout devant
C’est un peu farfelu
Je ne veux pas être stagnant
Être là où ça pue
Le parfum, je baigne dedans.
Par Patrick.
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