« Bonjour,
C'était un matin de Juin 1998.
Un beau jour de début d'été comme il en existe tant d'autres chez nous dans le Sud de la France.
Un jour où les cigales se réveillent doucement, après leurs dix longs mois de sommeil.
Un jour où les premiers écoliers chanceux en vacance profitent des joies de la plage encore vide de touristes.
Mais aussi un jour où j'ai RDV dans un hôpital de Marseille…
Dans cet hôpital qui m'est encore un univers inconnu…
Mais qui deviendra bientôt, je l'ignore encore à cet instant, mon lieu de pèlerinage régulier.
Je "passe" donc cet examen IRM, insouciant et sans en comprendre le sens.
Je "rentre" dans cette machine sombre, qui me fait penser au cinéma et que je trouve amusante.
J'ignore encore pourquoi mon généraliste tenait tant à me faire venir ici.
J'ignore aussi qu'il sera le point de départ de beaucoup d'interrogations et d'un changement profond.
C'est d'un air gêné que le docteur s'approche de moi, quelques minutes après la fin de l'examen.
C'est aussi le regard vide qu'il me lance ainsi :
"Vous savez, beaucoup de personnes se font prescrire cet examen couteux inutilement… mais pour vous, manifestement, cela n'a pas été inutile"
Alors même que je cherche à comprendre le sens de ses propos, il continue ainsi :
"Vous avez une petite sclérose en plaques".
Étrangement, ma réaction immédiate fut presque un soulagement…
Soulagement de mettre enfin un nom sur ces perturbations de mon corps depuis quelques mois.
Soulagement de justifier que je ne suis pas le malade imaginaire qu'on pouvait soupçonner, faute de symptômes visibles.
Enfin, soulagement d'apprendre que cette maladie n'est que "petite" chez moi…
J'ignore bien sur encore ce qu'est réellement cette la sclérose en plaques.
J'ignore aussi que "petite" ne veut rien dire la concernant, et qu'il s'agit simplement d'une façon plus ou moins adroite de sa part pour me ménager un peu, à l'annonce d'une telle nouvelle.
C'était donc en Juin 98… le mois suivant je devais vivre ma première hospitalisation, et par la même mes premiers "bolus" de Solumédrol®… et partager aussi la victoire de la France en Coupe du monde depuis ma chambre d'hôpital…
Tout ceci me parait déjà très lointain, tant j'ai depuis appris à vivre avec ma sclérose en plaques et à m'adapter à ce qu'elle représente… bien sûr tout n'est pas simple, mais au fond elle n'a rien changé à ma joie de vivre, à mon plaisir de partager et d'aller de l'avant… elle m'a surtout aidé à grandir plus vite et à ouvrir les yeux sur les valeurs essentielles, à une période où j'avais encore l'esprit très léger, comme celui d'un adolescent qui refusait de grandir.
Voici le témoignage simple et sans prétention d'un homme qui vous fait partager l'expérience de la maladie telle qu'il l'a apprise… »
Par David, 35 ans.
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