La sclérose en plaques,
c'est vous qui en parlez le mieux.
Le 1 sept. 2023

La sclérose en plaques, par Antoine.

« Je n’abandonne pas, je me bas,
parce qu’elle sera toujours là. »

« Bonjour,

Je m’appelle Antoine, j’ai 19 ans et je suis atteint d’une sclérose en plaques récurrente-rémittente depuis septembre 2022. 

Tout commence le 20 septembre 2022. Je me réveille avec une douleur au niveau de l’oreille gauche qui ressemble à une simple otite. Au bout de plusieurs jours, la douleur ne passant pas, je consulte un médecin qui me prescrit un antibiotique pour traiter mon otite. Le lendemain, je retrouve un engourdissement au niveau de ma main gauche, comme si je m’étais endormi dessus. Je n’y prête pas vraiment attention et mon otite finit par guérir. Plus les jours passent et plus l’engourdissement est intense et monte dans mon bras. À ce moment-là je suis toujours sous traitement antibiotique et je fais un lien étroit entre mon engourdissement et l’antibiotique, comme un effet secondaire de celui-ci. Je décide de consulter mon médecin généraliste pour savoir d’où vient le problème. Il ne voit pas de lien entre les deux et me demande d’arrêter l’antibiotique. Nous planifions un rendez-vous dans les quatre jours qui suivent pour voir l’évolution et il m’informe que si la situation s’aggrave d’ici-là, je dois aller aux urgences. 

Au bout de 3 jours, je n’ai plus aucune motricité dans mon bras gauche, j’ai perdu toute sensation sur l’entièreté de mon côté gauche et je commence à avoir des difficultés à marcher et à articuler ma jambe gauche. Inquiet, je décide de partir aux urgences. Là, je vois pour la première fois une neurologue qui m’examine et me fait passer une IRM cérébrale. Celle-ci présente des lésions cérébrales sur les deux nerfs optiques et sur le début de la moelle épinière. La neurologue souhaite me garder en observation, mais faute de place je suis autorisé à sortir. Je n’ai pas de diagnostic et on n’évoque pas la sclérose en plaques. Je suis donc convoqué 4 jours plus tard, pour une hospitalisation au service de neurologie du CHRU de Lille. 

J’arrive en hospitalisation et la poussée a beaucoup avancé, je suis totalement dépendant, je ne sais plus marcher seul, je ne peux plus me laver seul, je suis très fatigué et je développe des troubles de l’équilibre. Plusieurs médecins viennent me voir pour que je leur retrace mon histoire et pour passer des tests. Après une analyse de mon état clinique (marche, motricité, force, équilibre…), on me parle pour la première fois de la sclérose en plaques. La neurologue m’explique que je présente des symptômes qui sont similaires à ceux rencontrés dans cette maladie. Elle m’explique qu’elle n’est pas encore en mesure de poser un diagnostic final et qu’elle doit procéder à des examens complémentaires pour en avoir la certitude. Une ponction lombaire et une IRM médullaire (de la moelle épinière) sont prévues. La ponction lombaire est réalisée et c’est probablement la pire douleur que j’ai pu ressentir. L’IRM retrouve des lésions supplémentaires sur la moelle épinière. 
Une fois les examens complémentaires terminés, on m’administre mes premiers bolus de corticoïdes. Je les supporte plutôt bien pour une première prise. Une fois les bolus terminés, les médecins m’informent que je vais pouvoir sortir de l’hôpital et que je serai convoqué, une fois les résultats de la ponction lombaire prêts. Trois semaines d’attente insoutenable. Pendant ce temps-là, j’entame une rééducation très efficace avec de la balnéothérapie, de la kiné sèche et de l’ostéopathie. J’ai pu compter sur deux kinés qui ont énormément contribué à mon rétablissement, il faut dire que c’était très soutenu : 3 heures de balnéothérapie 4 fois par semaine et 2 séances de kiné par semaine. J’ai pu compter sur un entourage que je ne remercierai jamais assez, mes parents, mes amis et mon petit ami qui se sont chargés de s’occuper de moi, de me conduire à mes rendez-vous médicaux, de me remonter le moral, de me conseiller et surtout d’être présents. Merci à vous ! 

Les 3 semaines se sont écoulées et je me présente à la consultation, accompagné de mes parents. La neurologue commence directement par les résultats et la ponction lombaire montre bien une trace inflammatoire. J’ai la sclérose en plaques. La neurologue refait le point de ce dernier mois et me réexamine. Elle finit par m’expliquer ce qu’est la sclérose en plaques, comment la maladie fonctionne, les possibles traitements, les symptômes que je peux ressentir etc. La neurologue me suggère le Kesimpta®, un traitement immunosuppresseur sélectif, visant à limiter le risque de poussées et donc à limiter le risque d’évolution de la pathologie. Avant de commencer ce traitement, je dois procéder à une série de vaccins. Avec les délais à respecter entre chaque vaccin, je ne peux commencer le traitement que fin décembre. Je sors donc de cette consultation avec cette nouvelle qui va impacter le reste de ma vie. 

Entre-temps je me rétablis assez bien de cette poussée, bien qu’elle soit agressive et je commence à marcher sur des petites distances sans béquille. Je retrouve quelques sensations et un peu de ma motricité. La procédure de vaccination est terminée, je peux commencer mon traitement de fond. Je suis convoqué pour la première fois par une infirmière-psychothérapeute : son rôle est d’informer les patients. Elle me montre comment prendre mon traitement qui se présente sous une forme de stylo auto-injecteur. L’injection est à faire tous les mois. Je commence ce traitement et je le supporte très bien, aucun problème. Le mois de janvier passe et je « guéris » totalement de cette poussée. 

Voilà qu’à mi-février, je ressens une faiblesse au niveau de ma jambe droite et de violentes pertes d’équilibre cette fois-ci. La marche devient de plus en plus difficile et je perds en motricité. Je contacte ma neurologue et je suis hospitalisé en hôpital de jour. Je fais un bilan : une deuxième poussée !
Je reprends des bolus de corticoïdes, et cette fois-ci je les supporte assez mal. J’ai des bouffées de chaleur, je fais de la fièvre, j’ai des vertiges, je perds du poids et surtout je déprime. Depuis cette corticothérapie, j’ai un suivi psychologique avec un professionnel de l’université, ce qui m’aide beaucoup à appréhender la pathologie. 

Les mois passent, mais je ne me rétablis pas entièrement de cette poussée, la marche s’améliore certes, mais elle n’est pas aussi fluide et déroulée qu’avant. Et les pertes d’équilibres sont encore parfois présentes.
Je décide d’attendre l’IRM de contrôle en mai 2023 et là, le résultat tombe : deux lésions supplémentaires. Ces lésions sont la cause de mes soucis. La consultation avec la neurologue se déroule deux semaines après l’IRM. La neurologue m’examine et m’informe que cette poussée me laissera des séquelles. En effet le traitement n’est efficace que 6 mois après la première injection et la poussée s’est produite 1 mois après la première dose. 

Aujourd’hui je vis différemment, je ne sais plus monter d’escalier ou de pente comme avant, j’ai un périmètre de marche réduit en fin de journée, je subis des épisodes de fatigue chronique, j’ai des pertes d’équilibre et je ne supporte plus la chaleur

Mais je n’abandonne pas, je me bas, parce qu’elle sera toujours là. »

Par Antoine.

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6 commentaires
02/09/2023 à 08:37 par Virginie
Bonjour Antoine,
Je te lis et je me retrouve 23 ans plus tôt (vive l'an 2000). J'avais 26 ans. Je ne vais pas te retracer mon parcours nous avons à peu près tous le même.
Juste te dire que maintenant, je considère notre colocataire comme une "chance". Je sais ça peu choquer mais elle m'a donnée une volonté et une combativité que je n'avais pas avant.
Alors oui les débuts sont difficiles, tu aura des coups durs, j'en ai encore. Mais j'ai accompli des choses que je n'aurais jamais pensé faire.
Alors accroche toi, bats toi.

Avec tout mon soutien.
Virginie

01/09/2023 à 18:06 par Virg
Bonjour Antoine,
c’était en 1993 j’avais 20 ans. Aujourd’hui j’en ai 50 et j’avance avec ma colocataire encombrante. J’ai lutté contre elle, j’ai voulu la minimiser, la dissimuler. A présent je l’admets comme une partie de mon être. J’ai ai fait une force et j’exerce à présent un métier qui me permets d’aider ceux qui sont à terre. Parce que je sais que c’est possible et je veux rendre tout ce qu’on m’a apporté.
Garde toujours confiance.
Personne ne peut savoir de quoi demain sera fait.

01/09/2023 à 18:05 par Alain Assié
Bonjour Antoine,
Mon dieu que tu es jeune pour avoir cette merde. Surtout arrête les bollus car c'est un vrai poison moi il m'a détruit les veines et provoqués de nombreuses complication ensuite (bouchage artériel qui a fini par un pontage de la saphène gauche (car moi c'est tout le coté gauche qui est atteint et depuis 2017 elle a mutté sous sa pire forme LA Secondaire Progressive (totalement incontrolable) et j'ai pêrdu plus de 80% de la sensibilité (plus l'oiseau qui est mort mais bon j'ai 60 ans depuis juin et avec mon conjoint nous arrivons a avoir tout de même une vie presue normale sexuellement parlant)
Trouve mon témoignage (Ma squateuse indélogeable) j'y ait tout écrit.
Si tu as besoin de parler ou autre n'hésites pas je te donnerai mon adresse mail (dans cette maladie l'entourage compte énomément mais l'aide d'une personne ayant la même maladie mais étant un combattant acharné, gardant toujours ma joie de vivre en tout instants peu t'être aussi d'une grande aide

Bien à toi à bien vite je l'espère
Alain

01/09/2023 à 15:11 par Stéphanie
Salut Antoine,

De toute façon nous n'avons pas le choix... Nous devons tous nous battre dans cette galère. Moi j'ai eus la SEP c'est la forme rémittente en 1998 je n'avais que 21 ans, à l'époque il n'y avait AUCUN traitement... J'ai galéré crois moi. Tous les 3 mois j'étais hospitalisée en neurologie ou l'infirmier venait à domicile me faire les soins. Je revois le nombre de perfusions avec la potence. Toute la famille était effondrée, cependant je récupèrais assez bien car plus vite c'est détecté mieux c'était, sauf que pour moi à l'époque il n'y avait pas de traitement. J'ai eus donc beaucoup de chance dans mon "malheur" de ne pas être cloué au lit !

Puis en 1999, le neurologue à l'époque me l'a enfin avoué que j'avais une SEP, j'étais bouleversé et je pensais décéder.
Celui ci m'a mis en confiance, en m'indiquant qu'un traitement avait été trouvé aux Etats-Unis afin d'espacer les poussées. C'est l'Interféron Béta 1b, sous forme de piqûres a faire tous les 2 jours en sous-cutanées. Je n'avais pas le choix, l'infirmier est donc venu me former mais malgré mes piqûres que je me faisais, le traitement à presque mis 1 an pour réagir car, dans l'intervalle je faisais tous le 3 à 4 mois une poussée, (soit dans les yeux presque aveugle, les jambes fourmillements intenses, les bras fourmillements et plus de sensations...). Bref, j'en n'aie vu des vertes et des pas mûres ! ET pourtant je suis toujours encore là !

Je me suis dis à l'époque que mon ptit ami me "lâcherait" d'ailleurs je lui ais laissé le choix. Il est resté par amour et moi je l'aie ensuite suivi sur Paris. C'était dur car je faisais beaucoup de poussées également à cause du stress et de la cadence parisienne que j'avais adoptée. Désormais, je suis revenue dans ma Lorraine natale et vis dans un p'tit village depuis quelques années.
Je ne travail plus car je suis trop fatiguée à cause de la maladie, mais je n'aie jamais changé de traitement et suis toujours sous Interféron Béta 1b. D'ailleurs le neurologue m'a dit qu'aussi longtemps que le traitement fonctionne nous ne changerons pas. (Normal. Seule contrainte, je ne sais presque plus où me faire des injections ?).
Cependant, je suis toujours sur mes "deux pattes", malgré que je sois invalide.
Je n'aie pas fais de nouvelle poussée au moins depuis 8 ans environ (la SEP me fiche la paix, malgré les grosses douleurs que j'ai souvent, le mal de dos, la fatigue cruciale et permanente, l'énervement...).

Tout çà, pour te dire BAT TOI tu es jeune et profites de la VIE. Ne te mets pas de freins devant toi et fonce !
Je peux tout a fait te comprendre surtout à ton âge d'avoir déjà vécu autant de choses, car je suis passée par là.
Perso. j'ai vécu pas mal de chose le fais de vivre en région parisienne et de travailler à Paris, puis rapprochement vers l'Est
de la France Metz, le Luxemboug, l'Allemagne...

Je te souhaites en tous cas pleins de bonnes choses pour ton avenir, en effet le soutien familiale est important je l'aie vécu
également et c'est d'un très grand réconfort.

Bonne chance pour ton avenir !
Bises Stéphanie

01/09/2023 à 10:14 par Michel
Cher Antoine

Je tiens tout d'abord à te dire que tu n'es pas seul dans cette lutte. Je comprends à quel point il peut être difficile de faire face à une maladie comme la sclérose en plaques, et nous sommes là pour te soutenir du mieux que nous pouvons.

En tant que personne atteinte de cette maladie, je peux comprendre les défis auxquels tu fais face au quotidien. Mais je veux que tu saches que tu es fort et
que tu as déjà surmonté tant d'obstacles. Ta force et ta résilience sont admirables.

De plus, je suis également fier d'être gay, et je suis heureux de savoir que nous partageons cette identité. Être gay et vivre avec une maladie peut parfois être difficile, mais je crois fermement que notre communauté est une source de soutien et de solidarité.

Je tiens à te rappeler que tu peux toujours compter
sur moi. Si tu as besoin de parler, de partager tes préoccupations ou simplement de trouver un peu de réconfort, je suis là pour toi. N'hésite pas à me contacter à tout moment.

Enfin, je tiens à te rappeler qu'il existe de nombreuses ressources disponibles pour t'aider dans ton parcours. Si tu as des questions sur ton traitement, des besoins de soutien supplémentaires ou si tu cherches des informations
spécifiques, je te recommande de consulter les ressources médicales et les associations spécialisées dans la sclérose en plaques. Ils pourront t'apporter des conseils et des réponses adaptés à ta situation.

Sache que tu es aimé et soutenu, et que nous sommes tous là pour t'aider à traverser cette épreuve. Tu es une personne extraordinaire et tu mérites tout le bonheur et la santé dans ta vie.

Prends soin de toi.
soin de toi,
Michel

01/09/2023 à 07:59 par Preyscillia
C’est la première fois que je commente un témoignage donc je ne sais pas si ça sera bien haha. J’ai eu énormément de compassion en lisant ton écrit… De la compassion car pour la première fois je rencontre quelqu’un qui a eu des symptômes très similaires aux miens. J’ai eu une perte de sensation sur toute la partie gauche de mon corps en commençant par la main. Je n’ai pas eu de pertes motrice car ça a été pris en hospitalisation direct puis sous cortisone. Ça a été comme ça qu’on a découvert ma SEP (il y a 1 an, j’avais 22 ans). J’espère sincèrement que ça ira mieux et que ton traitement portera ses fruits. Si tu as la moindre question tu peux me trouver facilement avec mon prénom Preyscillia. Bonne continuation 🙏🏻🙏🏻

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