« Bonjour à tous,
Je m'appelle Preyscillia, j'ai 22 ans et voilà maintenant 6 mois qu'on m’a diagnostiqué une sclérose en plaques.
Le début de ma poussée a été vraiment difficile à identifier, car je suis quelqu'un qui stresse rapidement et qui a pour habitude de contracter ses muscles (trapèzes, dos, etc.). La veille, une grosse embrouille avait éclaté à mon travail entre ma chef et un collègue (je suis monitrice éducatrice en apprentissage), suivi d'un conflit avec ma sœur, en rentrant du boulot. J’ai enchaîné avec le ménage pour penser à autre chose.
Le lendemain, je me suis réveillée avec beaucoup de fourmillements dans mon bras gauche. J’ai pensé à une mauvaise posture durant la nuit, mais la journée entière est passée et la sensation n’est pas partie. Au contraire, j’ai même eu une sensation de brûlure et de « griffe » au niveau de mon pouce et de mon index.
Le lendemain, j'avais toujours cette sensation qui devenait vraiment désagréable mais je suis allée au boulot avec ce qui était devenu une douleur (ce qui ne m'arrangeait pas, étant gauchère !).
Malgré ça, je me suis dit que c'était le corps qui parlait et que c'était dû à mon stress. Lorsque je me suis changée, j'ai réalisé que je ne sentais plus du tout mon torse, ni même mon dos (côté gauche) qui était complètement anesthésié !
Au bout d'une semaine, je ne sentais plus rien de toute la partie gauche de mon corps (du cou jusqu'au pied) et j'avais l'impression de marcher à moitié sur du carrelage et à moitié sur un matelas.
La mère de mon conjoint est venue pour le week-end et m’a fait un massage aux épaules car on pensait que j’avais un nerf coincé (elle est masseuse). Elle a appuyé sur mon épaule et là… une énorme décharge a traversé tout mon bras. Je n'ai jamais eu aussi mal de ma vie : ça a été la plus grosse de toutes les douleurs que j'ai pu connaître. C’était indescriptible. J'ai énormément pleuré.
On a vite pris rendez-vous chez un médecin qui m'a prescrit une IRM des cervicales, car la douleur partait de là. Je lui ai dit que plus les jours passaient moins j'avais de sensations du côté gauche, j’étais comme coupée en deux.
Après les résultats, il m'a envoyée aux urgences pour me faire hospitaliser, sans explications. Je devais y rester une nuit, j'y suis restée cinq jours. Beaucoup de médecins et d’infirmiers sont venus, en me posant toujours les mêmes questions :
- « Depuis quand j'ai ça ? »
- « Est-ce que ça m'était déjà arrivé avant ? »
- « Est-ce que j'ai des antécédents familiaux ? »
- etc…
Je ne comprenais rien, j'étais sous cortisone en perfusion, totalement perdue. On m'a fait passer une IRM cérébrale et malheureusement j’ai dû faire une ponction lombaire. C'est quelque chose qui me faisait vraiment peur. C'est seulement un jour avant que je ne sorte de l’hôpital que l’on m'a annoncé que j'avais une sclérose en plaques et je me suis souvenu que la demi-sœur de ma mère avait, elle aussi, une SEP. Ma réaction : rien. Tout était vide, je n'y comprenais rien.
Aujourd'hui ça va beaucoup mieux : à vrai dire je n'ai absolument pas la sensation d'avoir cette maladie. J’ai vraiment une chance inouïe de ce côté-là.
Les seuls moments où je la ressens, c'est lorsque je fais ma perfusion (Natalizumab tous les mois) ou lorsque j’ai des problèmes cognitifs qui me font beaucoup de peine. Cela peut paraître bizarre, mais ça me fait du bien. Ça me fait du bien de me dire que ces problèmes que j'avais au lycée n'étaient pas des hallucinations, que ça venait bel et bien de quelque part (troubles de la vue durant quelques jours, troubles de l'attention, perte de sensation du côté droit de ma hanche).
Aujourd'hui ce qui me fait peur, c'est de ne pas voir quand je ferai une poussée. J'ai peur d'en faire une sans m'en rendre compte tout de suite (je ne peux pas me permettre ça, car l'hôpital le plus proche se trouve à 2 heures de chez moi).
J'ai cette chance d'aller physiquement super bien, d'arriver à oublier que j'ai cette maladie, même si j'ai peur de trop l’oublier, jusqu'à ne pas réaliser quand la poussée sera là. J'ai peur que quelque chose de grave ne m’arrive d'un coup.
Je vous remercie d'avoir pu me lire jusqu'au bout et j'espère croiser des gens ayant aussi une sclérose en plaques quasi invisible. »
Par Preyscillia.
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