La sclérose en plaques,
c'est vous qui en parlez le mieux.
Le 29 juil. 2024

La sclérose en plaques, par Pierrick, du Mexique.

« La vie ne doit pas
s'arrêter là ! »

 « Bonjour,

Je m'appelle Pierrick. J’ai 64 ans. Je suis passionné de mer, de voile et de nature. Je suis Asperger et Breton avec une sclérose en plaques, que j'ai appelée « Chimère ». Je vis depuis 2017 au Mexique de façon permanente.

Pendant longtemps, j'ai eu l’impression de passer pour un fou ou de ne pas être à ma place, en raison des problèmes auxquels je fais face : les fourmillements dans les bras, dans les jambes, les pertes d'équilibre, les douleurs au crâne, les vertiges, mes problèmes cognitifs, de langage, de mémoire. 
La sclérose en plaques n'est pas toujours présente, mais quand elle est là, elle le fait vraiment savoir. Au fil des années et petit à petit, j'ai perdu mon autonomie. Au seuil de mes 64 ans, je me suis offert un fauteuil roulant électrique et une chaise électrique d'escaliers.

À l'âge de 16 ans, j'ai eu un traumatisme crânien important et je suis devenu épileptique. À la suite d'un burn-out en 1993, j'ai dû quitter mon activité professionnelle (fatigue généralisée m'a-t-on dit). J'ai été suivi à cette période par un centre antidouleurs, pour une fibromyalgie, des vertiges et aussi des problèmes neuromoteurs.
Et en 1996, on m'a mis d'office en invalidité avec un taux à 80 % et impossibilité de retravailler.  

On m'a mis sous morphine, Durogesic® 100mg et sous opiacés. J'ai aussi été suivi par un kinésithérapeute et après dans un centre de rééducation fonctionnelle, à Aix-les-Bains. Ceci tous les jours. Mon audition a chuté au point que j’ai dû être appareillé. J'étais tout le temps fatigué et je le suis d’ailleurs toujours. Je ne parviens pas à dormir, sauf sous médicaments. Ma moyenne de sommeil est de trois heures par jour.

En 2007, j'ai suivi ma compagne au Mexique. La moitié de l'année en France et l'autre moitié au Mexique. C'est au Mexique que « Chimère » m'a été confirmée par une ponction lombaire, à la demande du directeur du centre de réhabilitation fonctionnelle Aix-les-Bains. À ce moment-là, ma vie est devenue un enfer avec le rejet de ma compagne.  Je la comprends maintenant !
La maladie et son combat sont des choses pas faciles, et même difficiles à vivre, difficiles à accepter… et à faire vivre aux autres. 

Sûrement, le fait de se voir partir. Parfois, le processus de la dégénérescence et de régression est lent, imperceptible. Par moments, on retrouve un regain de force et d'espoir. Mais encore une fois, cela entraîne une grande désillusion, et encore une ! 
Et d'un seul coup, c'est la glissade, la chute en avant !
Alors, face à cette situation, la colère nous remplit d'un coup et nous fait exploser. Et au lieu de l'accepter en nous, nous faisons fuir nos meilleurs amis par un rejet de nous-même. 
Ce que nous vivons, nous ne l’acceptons pas. Et c'est si simple de nous dire que c'est de la faute des autres !
Ou de temps en temps, on se sent apparaître comme des manipulateurs pour essayer de se faire plaindre. Enfin bref, tout un tas de bonnes raisons pour s'isoler ! Ce n'est pas normal ce genre de comportement. Aussi, je tenais à m'en excuser, car mes amis n'y sont pour rien.
Et comme vous l'avez compris, j'ai du mal à assumer mon état, alors je me noie dans mon mutisme. Je ne sais pas gérer cela et je n'ai pas été préparé à cela. Voir tout s'effondrer petit à petit autour de moi, mon autonomie, mes rêves, mes ambitions. Ma vie est maintenant centrée sur l'instant présent et un futur sur 24 heures maximum. Si cela est possible ! 

Désormais, je fais mon possible, à mon rythme, pour remonter la pente et pour me battre. Mais ce n'est pas facile ! 
Étant seul et malgré ma faible retraite, j'ai dû employer un couple pour m'assister dans mon quotidien. Financièrement, c'est très dur !
J'ai la chance de vivre dans un cadre paradisiaque dont je suis devenu propriétaire, suite à la vente d'un bien en France et à la gentillesse d'un couple d'amis canadiens. Ils m’ont vendu ce bien après leur départ pour retourner au Québec près de leurs enfants, au moment de la pandémie du Covid 19. 
Ici, je suis entouré d'oiseaux, de mammifères, de verdures luxuriantes et d'orchidées. Ce cadre est reposant et il vaut tous les anxiolytiques de la terre. C'est le « Paradis » !

Je n'ai aucun traitement spécifique, ayant fait de multiples réactions* et des allergies à de nombreux médicaments, dont une à la Dépakine® (valproate de sodium). J’ai opté à l'époque pour l'huile de cannabis, CBD a forte concentration en 1000 mg. Pendant 10 ans, l'absorption de ces gouttes calmait les crises et la douleur. 

Mais depuis août 2023, « Chimère » s'est emparée de mon corps. Ses attaques sont de plus en plus perfides et violentes. Au point où, parfois, j'ai envie de tout abandonner. Le CBD ne suffit plus. Et la majorité des traitements qu'on me donne sont rejetés par mon organisme.

J'ai la chance ici, d'avoir trouvé un jeune neurologue qui avait déjà un patient atteint de cette pathologie. L’un des médecins conseils de l'Ambassade et du Consulat Général de France a eu également la gentillesse de le briefer sur l'ensemble de mes problèmes, car mon espagnol, ou mon « franc-pagnol », est désastreux. Il m'a conseillé et orienté vers un collège de spécialistes en cardiologie, urologie, gastroentérologie, stomatologie et Médecine physique et de réadaptation. Je me dis chanceux dans mon malheur d'avoir cette équipe près de moi et ce couple, malgré la persistance des mauvais jours. Et je remercie aussi pour ses conseils l'assistante sociale de ma prévoyance qui me suit.

Dans mon malheur, j'ai rencontré une jeune femme, pendant six ans, nous avons entretenu une correspondance régulière et assidue. Elle vit à 1 400 km de moi. 
Elle m'a permis de retrouver la foi, la foi en moi, celle de vivre et celle de faire face à « Chimère ». L'avenir nous dira comment notre relation évoluera.
Mais je la remercie d'être entrée dans ma vie. Honnêtement et pardonnez-moi de vous le dire, je préfère être avec elle qu'avec « Chimère », si c'est possible !

La zoothérapie, mes chiens et chats m'aident énormément. J’ai trois chiennes d'assistance en permanence et quatre chats à mes côtés à la maison. L’une de mes chiennes me suit lors de mes déplacements. Je peux vous certifier que ce petit monde à quatre pattes vous stimule pour vous battre et vous remonte le moral. Je ne peux que conseiller d'adopter un animal, cela aide sérieusement !
La sophrologie, l'aromathérapie, la musicothérapie, la méditation, le yoga aident. Et pour ceux qui y croient, la foi en Dieu (en fonction de la religion de chacun).

La vie ne doit pas s'arrêter là ! »

Par Pierrick. 

Note de Notre Sclérose : 
*Les effets secondaires éventuels et leur intensité sont très variables selon les patients. Pour en savoir plus sur les traitements, lisez notre article rédigé par des professionnels de santé.

🧡 Soutenez l'association Notre Sclérose ! (Exemple : un don de 20€ ne vous coûte réellement que 6,80 €).
🔬 100% de vos dons vont à la recherche contre la sclérose en plaques.
 


9 commentaires
05/09/2024 à 08:38 par Evelyne
Bonjour Pierrick,
J'ai une sep depuis 2 ans. Mais avec l'errance médicale, elle est présente depuis une dizaine d'années. Je prend un traitement par perfusion tous les 6 mois en hôpital de jour (ocrevus). Pas facile tout les jours. Je marche avec une canne et pour les plus longs trajets mon fauteuil m'accompagne. Mais comme toi, je suis passionnée des animaux. Et lorsque que je n'ai pas le moral, c'est eux qui m'en donne. Ils sont toujours heureux et ressentent lorsqu'on va mal. Jamais un regard de travers comme pourrais le faire les humains. Les animaux toutes ma vie. Bon courage et prenez soins de vous !

09/08/2024 à 15:42 par Pierrick
Merci Nass54,
Cette Chimère, comme je l'appelle est vraiment un lourd fardeau à porter pour tous surtout à la fin.
Nous devons accepter une chose inacceptable et ingérable au quotidien pour nous et notre entourage.
Apprendre à vivre sans faire trop de projets sur l'avenir et au quotidien.
Apprendre à vivre l'instant présent au maximum.
A chaques secondes, minutes, heures, jours, semaines,...... sont du temps de gagné sur la maladie.
Alors ce temps de gagné est du positif en soit et pour nous.
En tant qu'Asperger, je ne sais pas ce qui est le plus dur face à cette maladie : la douleur ou toutes les questions qui se posent à moi et que j'aimerai trouver des réponses (les causes ou le pourquoi, les effets ou conséquences, les solutions).
Ce qui se passe dans nos têtes face à cela et comment cela est vécu pour d'autres Aspergers.
À nous de le vivre au mieux avec cette chose !

06/08/2024 à 20:40 par nass54
Bonjour Pierrick j ai fait sciemment d'être un peu provocateur comme je les dis dans mon écris effectivement dans chaque malheur on peut en retirer une part de positif mais faut être honnête c est une maladie dont bcps de personnes se seraient bien passé car c est pas positif ce que l on vit portez Tous au mieux

04/08/2024 à 10:02 par Pierrick
Bonjour Nass54 et Esma,

Je pense que vous avez tous ou toutes les deux raisons, dans un sens. Je comprends tres bien vos propos.
Avoir une sclérose n'est pas une partie de plaisir. et je pense que personne ne peut le nier. Mais le point positif dans notre malheur, c'est que cette cochonnerie nous a rendu plus fort et cela aussi personne ne peut le nier.
Acquérir cette force morale face à l'adversité de cette maladie et de ces différents visages qu'elle nous montre, est une chose merveilleuse qui nous est offert !
Car cette maladie est si déroutante pour nous et notre entourage.
En tous les cas, chacun fait de son mieux pour vivre avec au quotidien que ce soit dans les bons ou mauvais jours.
Il y a toujours du bon à retirer meme dans les moments ou les pires situations - Du moins, c'est une partie de ma philosophie !
Et cet adage est là pour le confirmer "à quelque chose malheur est bon", ce qui signifie qu’un malheur a quelquefois des conséquences heureuses.

03/08/2024 à 23:02 par nass54
Bonjour esma c est dur de te lire qd tu dis que c est la meilleure chose ui te sois arrivé donc tout va bien t as une SEP gentille tranquille quoi. C est pas le cas pour tout le monde. Profite bien de ta superbe maladie qui te rend si heureuse.
En fait tu dois pas apprécier mes écrits ben dis toi que c pareil pour moi et tes écrits, a mon avis tu n as pas réussi a écrire ce que tu penses. Cette maladie a sortie le meilleur de toi mais c est dommage imagine si tu remplaces sep par cancer ou une maladie incurable
Bref profite bien

01/08/2024 à 15:54 par Esma
Bonjour,

Je souhaiterais partager mon expérience également avec la sclérose en plaque. Diagnostiqué à mes 28ans (en Décembre 2014) aujourd'hui j'en ai 38 ! Et cette année, en Décembre, je compte fêter les 10ans de la SEP ;))
Comment aborder le sujet à part que ça soit la plus belle chose qui me soit arrivé et je vous le dis avec tellement de joie !
1er symptôme à été les fourmillements sur l'hémisphère gauche de mon corps pendant presque 10jours, bolus de corticoides à l'hôpital et tout rentre dans l'ordre. 9 mois après, le diagnostic est confirmé avec l'IRM.
Pendant presque 2ans et demi non acceptation de la maladie, je pleure sur mon sort à quiconque que je croise. Fatigue intense (des heures de sommeil interminable : 14h d'affiler des fois).
Du mal à récupérer, beaucoup de stress donc de dépression. Et surtout trouble de la mémoire. Un vrai fléau, j'oublie tellement de choses au quotidien ça devient insupportable !
Du coup rdv neuro psychologue 2017 en urgence avec des résultats catastrophique ! Je n'arrive presque pas à me concentrer aux tests de mémoire !
On me planifie un rdv pour 1an après pour suivre l'évolution. Et là "bingo" je décide enfin de comprendre ce qui m'arrive et je fais un travail personnel de recherche, de spiritualité, je lis beaucoup de livres qui me sont utiles pour comprendre à l'intérieur de moi ce qui a pu ébranlé l'extérieur.
Donc rdv neuro psychologue à nouveau en Septembre 2018 pour refaire un test de mémoire et aucun souci tout se déroule à merveille ! Nous passons 1h de test avec le médecin et il est stupéfait car impossible selon lui de changer les résultats à N-1 et pourtant c'est ce qui vient de se passer! Il me demande comment cela est possible et je lui dis que je suis sorti du schéma de victime et que je prend ma vie en main ! Il est très fier et il me félicite !
J'ai oublié de précisé que je n'ai que suivi un traitement 3 mois au total mais depuis c'est moi qui ai pris la décision de ne plus en prendre.
Voilà aujourd'hui 10ans que j'ai la "maladie" mais je le remercie d'être venu toqué à ma porte j'avais besoin de cet ami qui est franc.
Je souhaiterais un jour donner une conférence et prouvé que rien n'est une fin et que les épreuves les plus dures sont les plus belles bénédictions qui nous arrivent !
Aujourd'hui je me porte tellement bien, et je vous le souhaite à tous ! Avec tout mon amour.

Esma.

01/08/2024 à 00:32 par nass54
J en profite pour te saluer toi qu'on appel gilles
Comme qui dirais l autre "force et honneur" même si c est pas toujours évident

01/08/2024 à 00:29 par nass54
Bonjour a toi Pierrick c est un beau témoignage que tu nous livres t es quand même plus fort qu on pourrait le croire,
Continu même si parfois c dur, franchement merci pour ton témoignage

30/07/2024 à 17:02 par Arecchih
Bonjour on m'appele gilles jai une S E P depuis. 2000

Ajouter un commentaire