La sclérose en plaques,
c'est vous qui en parlez le mieux.
Le 13 juin 2023

La sclérose en plaques, par Romane.

« Je ne réalise toujours pas
que ma maladie
fait partie de moi. »

« Bonjour,

Je m’appelle Romane et j’ai 17 ans. Cela fait bientôt 1 an qu’on m’a diagnostiqué la sclérose en plaques… Tout a commencé l’année dernière. Après une soirée révision pour mon bac de français, je suis allée me coucher. En me retournant dans mon lit, j’ai eu une première perte d’équilibre complète. Cette perte d’équilibre (et de repères) a duré peut-être 2 minutes, mais elle était intense. Je ne contrôlais plus mes yeux, ni mes mouvements. Cela m’a semblé être une éternité. Quand j’ai enfin pu me relever dans mon lit, j’ai pris plus d’une heure à calmer mes tremblements (liés au stress et à la peur que cela recommence et ne s’arrête plus si je me couchais à nouveau dans mon lit).
J’ai réussi à me rendormir. Cependant, le lendemain matin, je ne pouvais plus bouger la tête sans avoir cette perte d’équilibre complète. Anéantie, je me suis tournée vers mon médecin traitant qui m’a dirigée vers un spécialiste de l’oreille interne.

Elle m’a pris un rendez d’urgence pour le lendemain matin et m’a prescrit du Tanganil® pour calmer mes pertes d’équilibres constantes. Je vais me coucher très tôt ce soir-là, car j’étais exténuée de ma précédente nuit. Je me réveille malheureusement à 2h22… ma tête tournait et tout, autour de moi, me semblait instable et en mouvement. J’essaye désespérément de me lever pour aller voir ma grand-mère, mais je me suis retrouvée alors par terre. N’ayant plus d’équilibre je m’agrippe au sol, désespérée, en criant à l’aide. Pour moi, le sol était vertical et non horizontal, et il me dirigeait vers un précipice. 
À partir de ce moment-là, j’ai vomi 10 fois, entre 3 heures et 8 heures du matin. 
J’ai enfin été amenée à l’hôpital à 8h30.

Je ne pouvais plus marcher à cause de mon manque de forces, je ne supportais plus la lumière et ne pouvais plus fixer un objet plus de deux secondes. 
Après une batterie d’examens, davantage orientés vers l’oreille interne, j’ai passé une IRM qui a révélé des taches blanches et une inflammation de la substance blanche. 
Le médecin et le neurologue m’ont annoncé que je ne pouvais pas rentrer chez moi et que j’allais devoir rester à l’hôpital. Dans le service pédiatrie, je n’ai pas pu dormir : traumatisée par tous les rebondissements des deux derniers jours, les enfants qui pleuraient, mais aussi mon anxiété par rapport à la nuit. Le lendemain matin, on m’a fait une ponction lombaire, puis le jour suivant on a commencé une prise de corticoïdes sur deux jours. Je suis rentrée chez moi après 5 jours d’hospitalisation… 

Mais je ne dormais toujours pas, je ne sentais plus mes jambes, je ne pouvais plus me coucher et je dormais donc assise. N’importe quel bruit m’était insupportable et n’importe quel soupçon d’instabilité me rendait folle (tout devait être droit). 24 heures après mon retour à la maison, j’ai eu la sensation en étant assise, d’avoir mes jambes au même niveau que ma tête, mais aussi que ma chambre tournait en continu. Je suis alors retournée à 23 heures à l’hôpital et j’ai été, à nouveau, hospitalisée pour 4 jours. Cette fois-ci, je suis sortie indemne de l’hôpital et en marchant, contrairement à la première fois. 

Pendant les deux mois qui ont suivi, je ne pouvais toujours pas dormir allongée, le bruit m’était insupportable et la lumière aussi. 
C’est finalement 10 mois plus tard, après avoir fait 5 IRM, que j’ai rencontré un docteur spécialiste de la sclérose en plaques. 
Mon premier traitement était le Tecfidera®, mais après deux mois j’ai fait une réaction* à ce traitement (inflammation à l’estomac). J’ai dû l’arrêter immédiatement et je suis restée clouée au lit pendant plusieurs jours. 
Je suis maintenant sous Aubagio® depuis plus de deux mois et ça se déroule plutôt bien. 
Je ne réalise toujours pas que ma maladie fait partie de moi. Pendant la prise du Tecfidera® (premier jour), j’ai eu une nouvelle poussée. Des sensations de brûlures et des fourmillements dans les jambes dès que je bougeais la tête. Cela s’est estompé après un mois, mais ça a recommencé depuis deux semaines. 
Le plus compliqué pour moi, en tant que jeune fille, était de vivre ma vie de lycéenne. J’ai raté régulièrement les cours, car je me sentais fatiguée, désemparée devant cette maladie que je ne contrôle pas.
Je me sens seule car, malgré les psychologues, je n’arrive pas à me dire qu’elle est présente en moi et que je vais vivre avec. Elle me révolte. 
Sportive et très vivante, cela fait 4 mois que je n’ai pas pratiqué le foot, à cause de mes fourmillements aux jambes qui m’empêchaient de courir et devenaient de plus en plus intenses, jusqu’à immobiliser mes jambes. 

Mon copain me soutient et me permet d’avancer. Je n’aurais jamais pu réussir sans son amour inconditionnel depuis maintenant un an. Il était là devant l’hôpital à m’attendre pour me voir. Il était là dès que ça n’allait pas ou que je m’écroulais de fatigue. »

Par Romane, 17 ans.

*Note de Notre Sclérose : les effets secondaires éventuels et leur intensité sont très variables selon les patients. Pour en savoir plus sur les traitements, lisez notre article rédigé par des professionnels de santé.

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Rediffusion du 20/06/2022.

6 commentaires
20/06/2022 à 23:28 par Christiane
J'ai oublié de préciser que je suis inscrite à l'association Alsa SEP étant alsacienne.
J'ai eu un 1er traitement avec du Fampyra,sans aucun résultat positif quand à la marche mais une pléiade d'effets secondaires....
Encore plus dur quand on s'est soignée toute sa vie à l'homéopathie et là c'est de l'artillerie plutôt lourde
En espérant que la recherche avance rapidement et que l'on puisse connaître le facteur déclenchant car en ce moment c'est encore flou d'après mes recherches sur internet...
Une amie infirmière m'a dit, mais c'est une maladie de jeunes mais pas de vieux..
Je suis jeune dans ma tête et dans mon corps même si ce dernier a quelques ratés mais j'ai bien envie de vivre encore de belles choses et surtout de pouvoir m'occuper de mes petits bouts de chou...
Alors patience...
Et cela vaut pour nous toutes
Je vous ❤️
Chris

20/06/2022 à 22:03 par Manon
Hello Romane,

Tu as été extrêmement courageuse et forte avec l’apparition de ta maladie. J’imagine combien ça a été un choc surtout à ton jeune âge. J’espère vraiment que la maladie va se stabiliser. Alors tu verras que tu peux vivre presque normalement et que ta maladie ne sera pas le centre de ta vie. Il y’a l’acceptation les premiers temps et parfois quand des symptômes reviennent c’est désespérant. Mais plein de belles choses t’attendent et tu as la chance d’être entourée de ton copain mais aussi de ta famille et amis je l’espère. Ta maladie ne te définit pas !! Je te souhaite de pouvoir jouer au foot très bientôt. Je sais ce que c’est de perdre ces jambes mais pour ma part, j’ai récupéré très vite.
Ne te décourages pas et tu verras que malgré la maladie, une belle vite t’attends

Manon

20/06/2022 à 17:21 par Christiane
Bonjour Romane,
Je vais peut être te surprendre,on a diagnostiqué cette SEP en février 2022.,je vais avoir 74 ans le mois prochain
Fin novembre j'ai fait une demande à l'univers, qu'il mette sur mon chemin un thérapeute ou un médecin qui mette un nom sur ce que j'ai.
Il y a 4ans ,en pratiquant le qi gong je trouvais que mon mollet droit durcissant, bizarre...
Des vertiges, j'en avais depuis longtemps, dûs aux cervicales, ayant travaillé en hospitalier et porté des charges lourdes....
Mais à propos de ma jambe droite... j'étais en errance médicale...
Rhumatologues, kiné, ostéopathe, Éthio. Acupuncture, même heillpraktiker en Allemagne... travail sur les traumatismes du passé etc...
Jusqu'à octobre 2021. IRM dorsale , plages de démyélinisation
Et j'ai reçu ce signe de l'univers,en décembre dernier j'étais chez une de mes filles, superviser des travaux d'isolation.
Le 17 décembre,en voulant regarder par la fenêtre, j'ai perdu l'équilibre avec ma jambe droite mais en fait j'ai fait un AVC sans signes précurseurs.
Mais c'est à l'hosto qu'on m'a fait la proposition d'aller en neurologie inflammatoire et comme toi, ponction et plus à cause de l'Avc.
Ben oui je ne fais pas les choses à moitié.
Fin de ce mois de juin ,1 ère perf. Oups,je ne sais pas ce qui m'attend..disons...le meilleur...
On va se battre, toutes ensemble on va y arriver.
Courage Romane et à vous toutes.. c'est beau d'avoir un compagnon qui t'aime, c'est l'amour qui fait avancer
Bel été à tous
Chris.

20/06/2022 à 16:12 par Camille
Bonjour Romane,
Merci pour ton témoignage qui montre ta maturité et ta détermination.
Il faut des fois un peu de temps pour trouver le traitement adapté à chacun. Garde espoir et confiance en l’avenir.
De mon côté j’avais perdu la motricité de la main droite et je faisais du volley. J’ai arrêté quelques temps. Quand j’ai repris les premiers entraînements étaient laborieux mais j’ai rapidement progressé et cela m’a aidé à récupéré la force de la main. Et cela fait un bien fou au mental aussi !
Il faut du temps pour accepter la maladie mais je suis persuadée que tu arriveras à l’accepter et vivre avec. Il y a des hauts et des bas certes mais tu peux savourer d’autant plus les moments où la maladie ne t’embête pas trop.
Je te souhaite plein de courage et de belles choses à vivre. La vie est devant toi ! Tu peux être fière de ton combat 💪🏻
Camille

20/06/2022 à 10:33 par Gracias
Bonjour Romane,

Cette maladie est incroyablement étrange... Je suis diagnostiquée depuis 7 mois et dans un coin de ma tete, il y a une partie de moi qui se dit toujours "Mais non, ils se sont trompé, je vais bien..."
Il faut du temps pour accepter ce qu'il nous arrive. Moi j'ai échangé une fois avec la ligue de la SEP par téléphone. Puis j'ai créé un compte sur facebook pour discuter avec des personnes comme nous.
Et ça fait un bien fou :).

Bon courage !

20/06/2022 à 10:05 par Amélie
Bonjour Romane ,

Ton témoignage est poignant , merci .
J’ai eu l’impression de lire mon histoire au début .
En 2012 même souci d’équilibre , test orl pour oreille interne sans succès , Tanganil et Betaserc pareil . Je vomissais beaucoup et je ne tenais pas debout . On a laissé passer le remps sans me faire passer d’examens , on a finit par mettre ça sur le compte du stress. 2015 et 2019 deuxième et troisième épisode de ce genre mais pareil : le stress . Septembre 2020 je me réveille : incontinente et ne sentant plus mes membres . Je ne marchais plus . Après une batterie d’examens j’ai été diag le 15 octobre 2020 , 3 mois er demi de rééducation plus tard et une autre poussée est survenue juste après . Je voudrais juste te dire Romane , je suis plus âgée que toi (31 ans en 2020 au moment du diag) mais ça ne change rien , j’y pense aussi souvent mais j’ai appris à vivre avec . J’ai réessayé le tennis qui était mon sport préféré : je ne sais plus en faire er c’est déconseillé mais ce n’est pas grave . La vie continue et je suis soulagée qu’on ait enfin posé un mot sur mes maux . Ça ira Romane , soit forte et positive . Je sais c’est plus difficile à dire qu’à faire mais tu finiras par accepter que de toute manière la maladie est là , et mieux tu accepteras mieux ça ira . Il faut du temps . Je te souhaite du courage , j’espère que tu es bien entourée c’est très important . Prends soin de toi 🍀

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